Cette école d’été, organisée conjointement avec les collègues de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, avec l’ONECCA et le Centre Marc Bloch, Berlin, a pour but de créer un espace de rencontre, de dialogue et de formation à la recherche entre étudiant.e.s et jeunes chercheur.e.s africain.e.s et européen.ne.s.
Cette école d’été, organisée conjointement avec les collègues de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, avec l’ONECCA et le Centre Marc Bloch, Berlin, a pour but de créer un espace de rencontre, de dialogue et de formation à la recherche entre étudiant.e.s et jeunes chercheur.e.s africain.e.s et européen.ne.s.
Lieu : Ile de Gorée/Dakar (Sénégal)
L’historiographie a montré que l’histoire de la comptabilité et de la statistique s’intègre dans le contexte plus large de l’évolution des pratiques bureaucratiques des sociétés qui se sont développées en Europe depuis l’époque moderne aussi bien dans le milieu des marchands et de la production protoindustrialisée que dans l’administration étatique. Cependant, comme le souligne Caitlin Rosenthal dans son livre Accounting for Slavery. Masters and Management, la pratique d’un « gouvernement par les nombres » (Desrosières) a fait également partie de la culture bureaucratique dans le contexte de la production des plantations et de la traite des esclaves du monde atlantique.
Ainsi, cette école d’été a pour ambition de se décentrer géographiquement en proposant de s’intéresser à la production statistique et aux pratiques bureaucratiques dans le contexte (post)colonial (espace atlantique et africain) entre le XVIIIe et la fin du XXème.
Nous faisons le choix d’une chronologie de plusieurs siècles permettant à la fois d’intégrer le premier et le second empire colonial mais aussi d’interroger les espaces africains post-indépendance. Il sera dès lors question d’explorer les ruptures, les différences mais aussi les formes de continuité, de circulations et d’héritages dans le temps et les espaces.
En s’intéressant à la production des chiffres, cette école d’été propose de réfléchir plus largement à la gouvernance (post)coloniale, ses transformations sur le temps long et les rapports de force qu’elle produit au quotidien. Ainsi, en prenant comme thématique de départ la statistique et les pratiques bureaucratiques et professionnelles qui en découle, il est envisagé plus largement de montrer en quoi le fait de compter, ou de produire des comptes ou des chiffres est avant tout une manifestation de pouvoir, qui permet de classer, de faire lien, de hiérarchiser, mais aussi d’exclure et de réprimer.
Comment se sont développées la comptabilité marchande et la statistique officielle dans le monde colonial (premier et second empires coloniaux) et quel rôle jouait les chiffres et la statistique pour le développement des sociétés africaines indépendantes après la fin de l’ère coloniale ? Quelle culture professionnelle accompagnait le développement de ces pratiques bureaucratiques dans le monde économique et dans l’administration étatique des colonies ainsi que dans les nouveaux états post-coloniaux ?
L’école d’été « Pratiques bureaucratiques et expertise professionnelle dans le contexte colonial et postcolonial (XVIIIe-XXe siècles) » cherchera à approfondir ces questions pendant 4 jours en mêlant des conférences et discussions publiques avec des séminaires et des « master class ». Elle s’adresse plutôt à des étudiant.e.s avancé.e.s (M2), à des doctorant.e.s et postdoctorant.e.s en histoire et venant d’autres disciplines des sciences sociales mais aussi à des professionnel.le.s du monde de la comptabilité et de l’audit. En réunissant des participant.e.s européen.ne.s et africain.e.s, l’école d’été contribuera à former étudiant.e.s et jeunes chercheur.e.s africain.e.s et européen.ne.s à de nouvelles approches de l’histoire de savoirs et des pratiques administratives actuellement très débattues parmi les spécialistes de l’histoire européenne et de l’histoire coloniale et qui ont considérablement renouvelé le champs historiographique ces dernières années.
Cette école d’été est co-organisée par des partenaires scientifiques (Département d’histoire de l’UCAD et le groupe de recherche « La bureaucratisation des sociétés africaines » -CREPOS/IHA-, Centre Marc Bloch de Berlin et Institut des mondes africains -IMAF- d’Aix en Provence) et des organisations des experts-comptables (EMPACTA e.V., Allemagne, et l’ONECCA au Sénégal). En mêlant acteurs scientifiques et praticiens de la comtabilité , cette école d’été proposera un espace de rencontres et d’échanges entre monde universitaire et acteurs professionnels spécialistes des statistiques.